Une place ça presse
Développons MAINTENANT le réseau des CPE et des milieux familiaux régis et subventionnés
Le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, sonne l’alarme : il y a péril en la demeure!
Constatant que le développement des places en services éducatifs à la petite enfance n’avance pas au rythme de la demande, il dit vouloir procéder à une réforme complète du réseau. Des consultations publiques ont lieu de mai à juin 2021 et un projet de loi ainsi qu’un livre blanc sur l’avenir du réseau sont promis dès l’automne prochain.
Pour la FIPEQ-CSQ, cette réforme est porteuse d’espoir pour l’avenir de nos tout-petits. Elle doit s’attaquer d’abord et avant tout à l’accessibilité et à l’amélioration de la qualité des services éducatifs à la petite enfance.
Force est de constater que les récentes annonces du ministre de la Famille dans l’objectif de livrer des places subventionnées nous laissent sur notre appétit :
L’heure est venue de solliciter votre appui afin de renforcer la pression sur le ministre de la Famille. Le gouvernement du Québec doit répondre, une fois pour toutes, à la demande!
La conversion de 3 500 places non subventionnées en places subventionnées.
Nous demandons plutôt au ministre de prioriser les centres de la petite enfance (CPE), qui sont des organismes à but non lucratif (OBNL), plutôt que de subventionner des garderies privées, des entreprises à but lucratif.
La simplification des procédés administratifs pour la création de places en CPE.
Nous sommes favorables à ce changement, mais il faut aussi accélérer l’offre de places en milieux familiaux régis et subventionnés, un atout important en région.
Un plan d’action pour la main-d’œuvre qualifiée en services éducatifs à la petite enfance.
C’est un début, mais encore faut-il valoriser la profession d’intervenante en petite enfance pour les retenir dans notre réseau une fois en poste.
Ce que veulent les Québécoises et Québécois est simple! Des places maintenant. Des places de qualité. Des places abordables à 8,50 $ par jour. C’est-à-dire, des places en CPE et en milieu familial régi et subventionné! Il faut leur donner une place et ça presse!
Découvrez d’abord les différents
types de services offerts
Voici comment vous retrouver dans les différents types de services éducatifs à la petite enfance au Québec.
CPE | GPS | GPNS | MFRS | MFRNS | PNR | |
---|---|---|---|---|---|---|
Organisme sans but lucratif à mission sociale | ||||||
Entreprise à but lucratif générant des profits | ||||||
Offre des places subventionnées à 8,50 $ | ||||||
Fixe ses propres tarifs (crédit d’impôt possible) | ||||||
Conseil d’administration décisionnel (2/3 parents) | ||||||
Comité consultatif de parents, non décisionnel | ||||||
Bénéficie de plusieurs allocations du ministère (poupons, enfants ayant des besoins particuliers, milieux défavorisés, etc.) |
CPE | GPS | GPNS | MFRS | MFRNS | PNR | |
---|---|---|---|---|---|---|
Offre des places subventionnées à 8,50 $ | ||||||
Fixe ses propres tarifs (crédit d’impôt possible) | ||||||
Reconnu par un bureau coordonnateur | ||||||
Accès à des allocations supplémentaires (poupons, enfants ayant des besoins particuliers) | ||||||
Formation continue obligatoire des intervenantes et programme éducatif à jour |
Les places en CPE et en milieu familial régi et subventionné sont un modèle de réussite! À petit prix : 8,50 $ par jour! Pourtant, près de 100 000 parents ont le droit d’avoir une place de qualité pour leur enfant. Il faut leur donner une place et ça presse!
Questions des parents en vrac
Notamment, parce que chaque service n’est pas synonyme de qualité et ne coûte pas le même prix! Et, contrairement à ce qu’on pourrait croire, payer plus cher pour son service éducatif à la petite enfance n’est pas un gage de qualité. Les enquêtes à ce sujet le confirment : les CPE et les milieux familiaux régis et subventionnés offrent des services de meilleure qualité aux enfants que ceux offerts par les garderies privées.
Prenons en exemple le ratio d’éducatrices qualifiées en installation. Celui-ci est loin d’être respecté dans tous les services, et ce, même s’il est une condition indispensable d’un service éducatif de qualité. À la lumière des données les plus récentes, seulement 29 % des garderies privées non subventionnées (GPNS) respectaient l’exigence en matière de qualification du personnel éducateur versus 92 % en CPE.
Le règlement prévoit qu’en service éducatif en installation, au minimum 2 membres du personnel éducatif sur 3 doivent être qualifiées et présentes auprès des enfants. Pour être qualifiée, l’éducatrice doit détenir un diplôme d’études collégiales en techniques d’éducation à l’enfance ou toute autre équivalence reconnue par le ministère de la Famille.
Entre autres, puisque les CPE respectent davantage, comparativement aux garderies privées, le ratio d’éducatrices qualifiées prescrit par le règlement. En grande partie, parce que les CPE, qui sont des organismes sans but lucratif à mission sociale, offrent de meilleures conditions de travail à leurs salariées (salaire, vacances, banque de congés, etc.). Ils sont ainsi en mesure d’attirer des éducatrices qualifiées et de les retenir. Si bien qu’à la lumière des données les plus récentes, le nombre moyen d’années de service continu du personnel éducateur est 2,5 fois plus élevé en CPE qu’en garderie privée (GPS et GPNS confondus). Rappelons que les très jeunes enfants se sentent en sécurité notamment grâce à la régularité des personnes qui prennent soin d’eux!
Il faut savoir que les garderies privées, tant subventionnées que non subventionnées, sont dirigées par des chefs d’entreprise. Et comme tous les bons entrepreneurs, leur objectif est de générer des profits, ce qui n’est pas mauvais en soi, si l'on dirige le café du coin! Sauf qu’en garderie, les actionnaires peuvent en retirer des surplus de revenus, au détriment de la qualité des services offerts aux enfants et des conditions de travail des éducatrices, et ce, avec l’argent des parents.
Pourtant, hier encore, les dirigeants d’écoles publiques ne pouvaient pas empocher leur surplus en fin d’année! Alors, comment se fait-il que ledit modèle d’affaires de garderie privée soit encore financé et encouragé par l’État? Selon nous, les surplus doivent être réinvestis dans la mission éducative de l’organisme, comme le font si bien les CPE.
La principale différence entre les services éducatifs en milieu familial régi et subventionné et les personnes non reconnues concerne le contrôle de la qualité. Les services éducatifs en milieu familial régi et subventionné sont soumis à un minimum de 3 visites de conformité par année. Lors de ces visites, le bureau coordonnateur (BC) s’assure que le service est sécuritaire pour les enfants et qu’il respecte les lois et les règlements en vigueur.
À titre d’exemple, on s’assure que les repas et les collations offerts sont conformes au Guide alimentaire canadien ou que l’eau potable est sans contaminants. La responsable en services éducatifs (RSE) doit suivre une formation obligatoire et maintenir à jour son programme éducatif, en plus de tenir un dossier de l’enfant à jour.
Ce qui, à l’inverse, n’est pas le cas pour les personnes non reconnues, ou PNR, qui offrent des services de garde au privé. N’étant pas soumises à des visites de conformité obligatoires et régulières, elles n’offrent aucune garantie de qualité. Sans compter qu’elles n’ont pas l’exigence de suivre une formation avant d’ouvrir leur service, de se perfectionner annuellement, de suivre un programme éducatif, de tenir un dossier de l’enfant et plus encore.
La différence réside dans le prix du service. La responsable en milieu familial régi et subventionné offre des places à 8,50 $ par jour aux parents, alors que la responsable régie, mais non subventionnée, est libre de fixer ses tarifs. Ainsi, la responsable non subventionnée ne participe pas au filet social dont le Québec s’est doté en créant un réseau de services éducatifs régis, subventionnés et accessibles à tous les enfants.
En fait, par la création de ces places régies, mais non subventionnées, nous réduisons l’accessibilité aux services éducatifs à la petite enfance, nous minons l’accessibilité des chances et nous augmentons les inégalités sociales. C’est pour ces raisons qu’à la FIPEQ-CSQ nous prônons le développement des places en services éducatifs en milieu familial régi et subventionné, à 8,50 $ par jour, pour tous les enfants du Québec.
Non. Citons en exemple les parents d’enfants ayant des besoins particuliers (EBP). Seuls les services éducatifs subventionnés par l’État peuvent avoir accès à la subvention gouvernementale qui leur est destinée. Avec celle-ci, le service éducatif est en mesure d’offrir du soutien physique et professionnel personnalisé à l’enfant, peu importe ses besoins. Ceci permet d’offrir l’égalité des chances à tous les enfants pour le développement de leur plein potentiel.
Par ailleurs, savez-vous que les CPE ont également accès, une fois les critères remplis, à une allocation pour les enfants issus d’un milieu défavorisé? Ceci permet à ces tout-petits de fréquenter un milieu de vie de qualité et de s’épanouir à long terme. L’équipe de la FIPEQ-CSQ travaille en ce moment à augmenter cette allocation, bien souvent insuffisante pour répondre aux besoins de ces enfants, et à la rendre accessible, lorsque nécessaire, aux services éducatifs en milieu familial régi et subventionné.
En fait, cette allocation permet aux services éducatifs subventionnés de recevoir une aide financière selon 2 volets : la gestion du dossier et des ressources matérielles, ainsi que la mise en œuvre du plan d’intégration de l’enfant.
Le premier volet permet aux services éducatifs subventionnés d’obtenir une somme maximale de 1 800 $ afin de couvrir les dépenses liées à l’achat d’équipements ou à l’aménagement nécessaire pour répondre aux besoins de l’enfant.
Le deuxième volet permet aux services éducatifs subventionnés de bénéficier d’une aide financière pour la mise en œuvre du plan d’intégration de l’enfant. Ainsi, ils peuvent recevoir une compensation financière si, par exemple, il faut diminuer le nombre d’enfants par éducatrice ou par responsable en services éducatifs en milieu familial régi et subventionné et embaucher une éducatrice spécialisée. Ce montant peut aussi servir à suivre une formation spécifique pour mieux répondre aux besoins de l’enfant. Bref, cela permet aux tout-petits d’avoir une chance égale de réussir!
C’est sans surprise que les services éducatifs à la petite enfance à tarif unique et accessible ont un impact majeur et positif sur le taux d’activité des femmes sur le marché du travail au Québec.
Grâce aux places régies et subventionnées à 8,50 $ par jour, le taux de participation à la population active des mères québécoises d’enfants de moins de 5 ans est passé de 64 % en 1997, année à laquelle le réseau des CPE a vu le jour, à 80 % en 2018. Celui des mères canadiennes, à titre comparatif, est passé de 67 % à 71 % durant la même période. En fait, même le gouvernement fédéral donne le système québécois en exemple afin d’expliquer cette faible augmentation des femmes sur le marché du travail dans les autres provinces.
Par la création de sa Politique familiale en 1997, le Québec, fidèle à ses valeurs, a choisi collectivement de placer les enfants au cœur de ses choix afin de permettre aux femmes d’accéder au marché du travail. Ainsi, cela leur permet d’atteindre une meilleure autonomie financière et de s’épanouir professionnellement. Nous devons ainsi nous assurer de ne pas retourner en arrière et garantir des places régies et subventionnées pour les 100 000 parents qui les méritent pleinement.
Il y a effectivement deux ligues de services qui coexistent : les places qui sont subventionnées par l’État et celles qui ne le sont pas. Inutile d’expliquer que ce sont les places non subventionnées qui font mal au portefeuille familial!
Par exemple, une famille ayant un revenu annuel de 90 000 $, typique de la classe moyenne québécoise, pourrait trouver une place en garderie non subventionnée à 45,00 $ par jour pour son enfant. Ces parents vont payer 10,04 $ de plus par jour que les parents ayant une place en CPE ou en milieu familial régi et subventionné pour un service qui, rappelons-le, est généralement de moins bonne qualité. Il est à noter que le tarif moyen demandé par les services de garde privés variait en 2020 entre 38,00 $ et 51,00 $ et pouvait même aller jusqu’à 70,00 $ par jour.
En considérant le coût net de 7,17 $ pour une place subventionnée et de 17,21 $ pour une place non subventionnée, nous arrivons à une de différence annuelle de 2 620 $ par enfant. Maintenant faites le calcul si vous avez 2 ou 3 enfants!
Pour calculer votre coût net quotidien de frais services éducatifs à la petite enfance, dirigez-vous vers le calculateur du gouvernement du Québec. (http://www.budget.finances.gouv.qc.ca/Budget/outils/garde-net-fr.asp)
Alors que le réseau des services éducatifs à la petite enfance croule sous la demande, le ministre de la Famille ne peut faire autrement que de prendre le taureau par les cornes! Il doit affronter avec force son plus grand défi : l’insuffisance de places régies et subventionnées et de qualité. Pour ce faire, il doit revenir à l’essence même de la Politique familiale dont s’est doté le Québec il y a près de 25 ans et développer sans plus tarder le réseau des CPE et des milieux familiaux régis et subventionnés!
Le ministre de la Famille doit agir maintenant! Nous réclamons davantage des places à 8,50$ par jour qui nous rendent fiers par leur qualité! Nous demandons une garantie d’accès pour toutes les familles, ce qui passe par une valorisation de la profession d’intervenante en petite enfance, une reconnaissance et une augmentation salariale, pour mettre fin à la crise dans le réseau une fois pour toutes.
Convainquons le ministre de la Famille de l’importance d’augmenter les places en CPE et en milieux familiaux régis et subventionnés! Pour permettre aux femmes de retourner au travail. Pour une relance économique à la hauteur de nos attentes. Pour un service éducatif accessible à toutes et à tous. Pour le bien-être de nos tout-petits. Il faut leur donner une place et ça presse!